FRENCH Congrès américain gobe n’importe quoi dans le discours de Netanyahou

Spread the love

ENGLISH ARTICLES ON RIGHT/DEUTSCHE ARTIKEL RECHTS

[source: http://www.polemia.com/article.php?id=3853]

Le : 05 Juin 2011

Le discours de Netanyahou au Congrès montre que l’Amérique veut gober n’importe quoi

Quand on lit la presse française rendant compte du discours prononcé par Benjamin Netanyahou devant le Congrès américain le 24 mai 2011, on comprend mal comment le premier ministre israélien a pu déclarer sans aucune ambiguïté que « les Palestiniens [doivent] partager avec nous cette terre [d’Israël] » et que eux aussi « méritent un Etat indépendant » et, d’un même élan, énumérer les préconditions qui ferment la porte non seulement à la paix finale et définitive, mais aussi à la simple ouverture de négociations.

Représentants et sénateurs ont applaudi comme un seul homme et ovationné à près de trente reprises l’orateur. Il ne semble pas que ce discours ait eu le même succès en Israël.

Polémia a relevé dans la grande presse israélienne deux articles, le premier, provenant de Haaretz, le second, du Jerusalem Post. Elle en produit ci-après la traduction, laissant à ses lecteurs le soin de les découvrir et d’en tirer d’éventuelles conclusions.

Polémia

* * *

Le discours de Netanyahou au Congrès montre que l’Amérique est prête à gober n’importe quoi

L’homme qui a explicitement dit qu’il ferait de son mieux pour détruire les Accords d’Oslo se prononce, tout d’un coup, en faveur de la paix avec les Palestiniens.

C’était un discours sans destination, bourré de mensonges sur mensonges et d’illusions sur illusions. Rarement un chef d’Etat étranger est invité à prendre la parole devant les membres du Congrès. Il est peu probable que quiconque ait jamais tenté de leur vendre pareille quantité de propagande et de mauvaise foi, pareille hypocrisie moralisatrice comme l’a fait hier Benyamin Netanyahou.

Le fait que le Congrès se soit levé à plusieurs reprises pour l’applaudir en dit plus sur l’ignorance de ses membres que sur la qualité du discours de leur hôte. Israël doit être présent sur les rives du Jourdain : on applaudit. Jérusalem doit rester la capitale unifiée d’Israël : on applaudit. Les représentants élus américains savaient-ils qu’ils applaudissaient à la mort du possible ? Si l’Amérique a adoré ça, nous allons avoir des problèmes.

Le fait que la seule vérité qui ait été proclamée dans le Capitole a été celle d’un ancien Israélien qui a crié « Egalité des droits pour les Palestiniens ! » est un gage d’honneur pour nous [Israéliens] et une marque de honte pour l’Amérique. Le « discours de sa vie » prononcé par Netanyahou a été le discours de la mort de la paix.

C’était un spectacle des années 1970. Peut-être qu’à l’époque les gens gobaient encore ces tas de mots, sages et jolis, brassés par un premier ministre israélien épris de paix. Comment un premier ministre israélien peut-il avoir l’aplomb de dire que son pays « soutient pleinement la volonté qu’ont les peuples arabes de notre région de vivre libres » sans cracher toute la vérité amère : à condition qu’ils ne soient pas palestiniens. Netanyahu s’émerveille tout d’un coup du Printemps arabe, mais où était-il quand il a commencé ? Il en était à son habituelle campagne alarmiste, mettant en garde contre les dangers d’un régime extrémiste islamique et s’activant à ériger un mur le long de notre frontière avec l’Egypte. Et hier, tout à coup, c’est «la promesse d’une aube nouvelle ». Apparemment, l’hypocrisie est sans fin.

Et comment a-t-il pu déverser une pluie d’éloges sur la démocratie israélienne alors que son gouvernement a fait plus que ses prédécesseurs pour porter le coup mortel à cette démocratie, en adoptant des lois complètement antidémocratiques ? Comment peut-il se vanter du statut des citoyens arabes d’Israël, au moment où sa coalition nationaliste de droite fait voter des lois racistes à leur encontre ? Dire que les Arabes d’Israël ont plus de liberté en Israël que dans n’importe quel Etat arabe, c’est comme dire que les Noirs d’Amérique ont plus de droits que ceux d’Afrique. Et alors ? Est-ce à dire que les Afro-Américains ont disposé d’une égalité de droits depuis des générations, qu’ils n’ont pas eu à lutter pour leurs droits ?

Et comment ose-t-il parler de la liberté de culte à Jérusalem à un moment où des centaines de milliers de Palestiniens sont privés de cette liberté depuis des années ? La liberté de culte à Jérusalem vaut pour les Palestiniens âgés de 35 ans et plus, parfois 45 ans et plus ; parfois même à 65 ans on n’est pas assez vieux. Et pour les 2 millions d’habitants de la bande de Gaza, une telle liberté n’existe tout simplement pas.

Comment Netanyahou peut-il louer la paix avec l’Egypte, quand il est facile de deviner qu’il aurait voté contre ? L’homme qui a explicitement dit qu’il ferait de son mieux pour détruire les Accords d’Oslo se déclare tout d’un coup en faveur de la paix avec les Palestiniens.

Hier soir, nous avons vu que les Américains étaient prêts à gober n’importe quoi, ou, du moins, leurs législateurs qui ont applaudi.

Gideon Levy
31/05/2011
Haaretz.com

Titre original : Netanyahu’s speech to Congress shows America will buy anything

Traduction pour Polémia : René Schleiter

 

II

Analyse: Des applaudissements entendus par la Maison-Blanche et partout dans le monde

Même en rêve, Netanyahou n’aurait jamais eu une telle réception en Israël : l’ovation du Congrès a été entendue par Obama, par les Palestiniens, par le monde entier.

Dans son ensemble l’importance du discours tenu mardi par le premier ministre Benjamin Netanyahou lors d’une séance spéciale du Congrès réunissant les deux assemblées ne résidait pas dans son contenu – il n’a pas annoncé d’innovation radicale – mais plutôt dans l’ovation particulièrement chaleureuse qu’il a reçue.

Même en rêve, Netanyahou n’aurait jamais eu une telle réception en Israël. Même sa femme, Sara : à son arrivée, la salle s’est levée pour l’applaudir.

Le premier ministre a été applaudi près de 30 fois et à plusieurs reprises la salle s’est levée pour l’applaudir.

Ces applaudissements, qui ont duré près de quatre minutes lors de son entrée dans la chambre historique – y compris, pendant un court laps de temps, avec des battements rythmiques qui relevaient davantage de l’Auditorium Mann que du Congrès – ont non seulement été entendus par Netanyahu, mais aussi par le président américain Barack Obama, par les Palestiniens et par le monde entier.

Malgré tout ce qui est dit sur la solitude existentielle de notre pays et sur le sentiment réel d’isolement ressenti par Israël, lorsque Netanyahou s’est adressé au parlement le plus important du monde, ce dernier n’exprimait que chaleur à l’égard d’Israël.

Même lorsque le premier ministre a mentionné que les juifs n’étaient pas des intrus en Judée et en Samarie – comme l’ont été les Belges au Congo ou les Britanniques en Inde – il a été bruyamment acclamé et la majorité de la salle s’est levée pour l’applaudir.

Certes, le Congrès, ce n’est pas le monde, et c’est le président des Etats-Unis qui, en dernière analyse, définit la politique étrangère américaine. Mais le Congrès n’est pas une petite institution négligeable qui peut être écartée à la légère – ni par le président ni par le monde – et c’est lui qui fixe les limites jusqu’où peut aller le président dans son soutien à Israël.

Devant les applaudissements retentissants qu’ont recueillis, des deux côtés de l’allée, les propos de Netanyahou sur une Jérusalem unifiée, sur le non-retour aux frontières de 1967, sur le rejet de toute négociation avec le Hamas, sur le refus de permettre aux descendants de réfugiés palestiniens d’entrer en Israël, Obama – qui cherche actuellement à construire des relations d’affaires avec l’Europe – a reçu un signal clair de la part du Congrès qui lui rappelle que, lorsqu’il s’agit d’Israël, il n’a pas les mains libres.

Herb Keinon
24/05/2011
The Jerusalem Post

Titre original : Analysis: Applause heard in White House, around World

Traduction pour Polémia : René Schleiter

Correspondance Polémia – 5/06/2011

Image : Sara Netanyahou, en robe verte, applaudissant pendant le discours de Benjamin Netanyahou devant le Congrès le 24 mai 2011.

Gideon Levy – herb Keino

Imprimez ce document

partager cet article sur twitter

Partager cet article sur Facebook

Aidez nous à vivre libre, versez un don (66% de déduction fiscale)

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*