…..L’Administration Biden relance la politique anti-russe
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N°3458 — 10 FÉVRIER 2021 — RIVAROL 7
DURANT quatre ans, le président Donald Trump a tenté d’apaiser les tensions américano-russes malgré la constante hostilité, durant son mandat, de l’État profond états-unien, qui a poursuivi la politique de sanction à l’égard de l’ours euro-asiatique.
À peine installé à la Maison Blanche, Joe Biden a d’ores et déjà relancé la politique anti-russe débridée des Etats-Unis qui était menée par l’Administration Obama. À l’occasion de la prolongation du traité de désarmement américano-russe “New Start”, le gouvernement états-unien a annoncé la couleur : le mandat de Biden sera en partie consacré à la géopolitique anti-russe.
Ainsi, le chef de la diplomatie, (((Anthony Blinken))) (1), a déclaré, dans le communiqué annonçant l’extension de l’accord (jusqu’au 5 février 2026) :
« En même temps que nous travaillons avec la Russie pour promouvoir les intérêts américains, nous allons aussi travailler pour faire rendre des comptes à la Russie pour ses actes antagonistes et ses violations des droits humains, en étroite coordination avec nos alliés et partenaires. »
Et d’ajouter que la prolongation de New Start offrait un répit pour tenter d’encadrer « l’ensemble des armes nucléaires » avec la Russie, mais aussi pour tenter de « réduire les dangers posés par l’arsenal nucléaire moderne et grandissant de la Chine ».
L’accord sur New Start n’empêche pas d’avoir « les yeux grands ouverts sur les défis que pose la Russie aux Etats-Unis et au monde » a affrmé Antony Blinken. (2)
Agitant, comme à leur habitude, le prétexte des droits de l’homme, les Etats-Unis organisent une nouvelle propagande anti-russe avec l’affaire Alexeï Navalny (qui vient d’être condamné à une peine de prison en Russie).
L’agent des Anglo-Américains se présentant comme opposant à Vladimir Poutine et prétendant avoir été empoisonné par les services secrets russes.
Outre les droits de l’homme, l’administration Biden accuse la Russie de s’être immiscée dans les élections états-uniennes et d’avoir lancé une cyber-attaque massive contre des ministères américains.
Durant l’entretien téléphonique qu’il a eu avec le président russe, Joe Biden a « réaffirmé son soutien ferme à la souveraineté de l’Ukraine face à l’agression persistante de la Russie », d’après le porte-parole de la Maison Blanche, Mme Jen Psaki. (3)
Les histoires d’empoisonnement et la question ukrainienne font partie des deux principaux angles d’attaque constants de la géopolitique états-unienne contre la Russie.
LA QUESTIONUKRAINIENNE DANS LA GÉOPOLITIQUE ÉTATS-UNIENNE
La stratégie d’endiguement et de démantèlement de la fédération de Russie a été actualisée par Zbigniew Brzezinski (1928-2017), dans son livre Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde (1997).
Exposant sa vision de la géopolitique américaine en Europe et en Russie, Brzezinski écrivait : « Indépendamment l’une de l’autre, la France et l’Allemagne ne sont assez fortes ni pour construire l’Europe selon leurs vues propres, ni pour lever les ambiguïtés inhérentes à la définition des limites de l’Europe, ceqjui cause de tensions avec la Russie. Cela exige une implication énergique et déterminée de l’Amérique pour aider à la définition de ces limites, en particulier avec les Allemands, et pour régler des problèmes sensibles, surtout pour la Russie, tels que le statut souhaitable dans le système européen des républiques baltes et de l’Ukraine… » (4)
La position agressive des dirigeants européens contre la Russie dans l’affaire ukrainienne est révélatrice de la stratégie géopolitique américaine et de l’instrumentalisation de l’Union européenne et de l’OTAN pour étendre son hégémonie ; ce que Brzezinski ne cachait pas lorsqu’il préconisait de sortir l’Ukraine de la sphère d’influence russe à fin de l’affaiblir : « L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. » (5)
La stratégie géopolitique de Brzezinski est un demi-succès : pour ce qui est de la domination du cœur de l’Europe par la soumission totale de la France et de l’Allemagne, c’est chose faite (quoique l’Allemagne commence à faire montre d’une certaine velléité d’indépendance), mais quant à l’éclatement de la Russie en provinces, permettant aux Américains de contrôler toute l’Eurasie et d’en extraire les richesses, c’est un échec. Les rêves de domination états-uniens se sont brisés sur le mur poutinien. Mais la crise en Ukraine — pays auquel Brzezinski accorda une attention particulière et qu’il voulait absolument séparer de la Russie — et le discours de l’Administration Biden montrent que les Américains n’ont absolument pas abandonné leur projet.
Jusqu’ici, la Russie de Poutine a tenu en échec les Américains en Syrie et a réussi à tirer avantage de la politique occidentale en Ukraine, par le retour spectaculaire de la Crimée dans la maison russe (mars 2014).
LES SERVICES SECRETS RUSSES QUI EMPOISONNENT LES OPPOSANTS À POUTINE :UN SCÉNARIO HOLLYWOODIEN
La Russie est accusée, à intervalles réguliers, d’assassinats (par empoisonnement ou par balles) de journalistes et autres opposants russes, pour diaboliser Vladimir Poutine, justifier de nouvelles sanctions et tenter d’isoler ce grand pays.
La dernière affaire en date est celle de Navalny, le héros russe de l’Occident, qui a prétendu avoir été empoisonné par les services secrets russes. D’après le récit des media occidentaux :
« Les médecins berlinois qui ont soigné Alexeï Navalny ont rendu publics, mercredi 23 décembre (2020), les détails cliniques de son empoisonnement au Novitchok. L’opposant russe se félicite sur Twitter et Facebook de la publication de cette “preuve” médicale que réclamait Moscou depuis des mois. “Un empoisonnement grave avec un inhibiteur de la cholinestérase a été diagnostiqué à [l’hôpi-tal de] la Charité”, expliquent les scientifiques dans cet article de quatre pages paru dans la revue The Lancet, qui retrace pour la première fois les symptômes déclenchés par l’agent neurotoxique du groupe Novitchok mis au point par l’URSS dans les années 1980. » (6)
C’est la revue The Lancet qui a publié l’étude sur l’empoisonnement de Navalny. La même revue qui, quelques mois auparavant, avait été au cœur d’un scandale planétaire après avoir publié une étude (le 22 mai 2020) complètement bidon sur l’hydroxychloroquine. Une étude qui avait conduit à la suspension de l’usage de ce traitement en France. Finalement, The Lancet, a été contraint de retirer, en juin 2020, son article fallacieux contre l’hydroxychloroquine. (7)
Navalny a alors accusé les services secrets russes d’avoir été derrière « l’empoisonnement » dans le but de l’assassiner. Des propos jugés “délirants” par Moscou, qui n’a pas eu accès à des preuves d’intoxication. (8)
Dans la foulée, l’Union euro-péenne a exigé des explications de Moscou et a pris, avec la Grande-Bretagne, des sanctions auxquelles la Russie a répondu par des contre-mesures (9).
Ce n’est pas la première histoire d’empoisonnement imputé à la Russie par les Occidentaux. Il s’agit bel et bien d’un “remake” hollywoodien.
LES PRÉCÉDENTES AFFAIRES D’EMPOISONNEMENT
En 2018, un ancien colonel des services de renseignements militaires russes, Sergueï Skripal, et sa fille Loulia (qui a survécu) ont été empoisonnés. Ils ont été retrouvés inconscients le 4 mars 2018 aux abords d’un centre commercial de Salisbury (Angleterre).
Une semaine plus tard, le Premier ministre britannique, Theresa May, a accusé, sans preuve, la Russie d’être coupable de l’empoisonnement des Skripal.
JdN: May au nez crochu comme bien des politiciens “anglais” tout sourire avec le président leucophobe d’Afrioque du Sud
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Londres avait déjà accusé Vladimir Poutine en 2006 d’avoir fait assassiner, par empoisonnement, l’agent double Alexandre Litvinenko.
Le journal Le Monde rapportait, le 21 janvier 2016 :
« La justice britannique n’a pas hésité à désigner le président russe Vladimir Poutine en personne comme le “probable” commanditaire de l’assassinat par empoisonnement, à Londres en 2006, de l’opposant Alexandre Litvinenko ».
Le juge britannique Robert Owen, dans ses conclusions de l’enquête menée de janvier à juillet 2015, rendues publiques le 21 janvier 2016, a déclaré : « L’opération du FSB (ex-KGB) destinée à tuer M. Litvinenko a pro-bablement été approuvée par M. Patrouchev (Nikolaï Patrouchev, ex-patron du FSB, au-jourd’hui secrétaire général du Conseil de sé-curité de la Fédération de Russie) et aussi par le président Poutine. » (10)
Quid des preuves appuyant les conclusions publiques du juge britannique ? Il n’y en a pas. Il n’y a que des indices, restés “confidentiels”…
Mais l’on a tout de même appris que la victime était employée par les services secrets britanniques, le MI6.
À l’instar d’Alexandre Litvinenko, Sergueï Skripal était un agent double, un ex-agent du FSB réfugié au Royaume-Uni qui a été recruté par les services secrets britanniques.
Dans ces deux affaires, nous avons des agents doubles, travaillant pour les Britanniques, qui ont été peut-être sacrifiés par la Perfide Albion à fin de servir une politique étrangère anti-russe.
Ce qu’a suggéré le général du FSB, Vladimir Djabarov, qui a déclaré à l’AFP que l’empoisonnement de Skripal pouvait avoir été commis par le Royaume-Uni ou un pays tiers afin de « blâmer et noircir la Russie » (11).
Dans ces deux affaires d’assassinats, on nous explique que les services secrets russes sont stupides au point de tuer leurs ex-agents avec des poisons fabriqués uniquement en Russie, afin de faciliter la tâche aux enquêteurs et qu’ils puissent ainsi remonter jusqu’au Kremlin…
Dans le cas de l’assassinat de Litvinenko, il s’agit du polonium 210, un isotope radioactif « dont la Russie est le seul pays producteur » écrivait Le Monde dans son article du 21 janvier 2016 ; et Skripal a été, quant à lui, empoisonné par un gaz innervant, le Novichok, « fabriqué uniquement en Russie » écrit le journal Libération dans un article du 30 mars 2018 (12), sous la plume de sa correspondante à Londres.
Le même Novichok utilisé pour empoisonner Navalny…Aucune preuve ne mène à la piste russe, mais déjà Vladimir Poutine est désigné comme coupable par le gouvernement britannique.
Concernant l’assassinat de Litvinenko, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, avait réagi aux conclusions du juge Owen en déclarant que l’enquête britannique s’apparente « peut-être à une blague… visiblement, on peut relier ça à l’élégant humour britannique », ironisant sur le rapport « basé sur les informations confidentielles de services secrets non identifiés ».
Peskov derrière Poutine
Theresa May, qui était alors ministre de l’Intérieur (“Home Secretary”), était déjà en pointe pour accuser Moscou de l’assassinat de Litvinenko.
Elle faisait le lien entre Andreï Lougovoï et le Kremlin, car cet ex-agent du FSB, devenu député à la Douma, figurait le 9 mars 2015 sur la liste des décorations et des honneurs du président Poutine et se voyait attribuer la médaille de l’ordre du Mérite en raison de sa « grande activité visant au développement des relations législatives et parlementaires ».
Pour Theresa May, le traitement qui a été réservé par Moscou à Lougovoï « dit tout ».
L’hystérie anti-Poutine de Theresa May n’était justifiée par aucune preuve de la culpabilité russe dans l’assassinat de Serguei Skripal.
Dans une atmosphère de néo-mccarthysme à la sauce british, Theresa May et l’establishment britannique se sont lancés dans une véritable guerre froide contre la Russie, et en interne, contre le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn (qui a été depuis éjecté pour anti-sémitisme), traité de larbin du Kremlin par les députés et les journaux britanniques, pour avoir demandé des preuves que la toxine présumée de l’époque soviétique était bien liée aux actions de l’État russe.
Corbyn posa aussi la question suivante : les autorités britanniques fourniraient-elles les échantillons de toxines présumées aux enquêteurs russes afin qu’ils puissent procéder à leur propre évaluation indépendante — une procédure prescrite par le traité international de 1997 connu sous le nom de Convention sur les armes chimiques (13) ?
Le Royaume-Uni expulsa 23 diplomates russes. Les Etats-Unis, sous l’Administration Obama, expulsèrent 60 diplomates russes, la France 4, l’Allemagne 4, l’Ukraine 13… Au total, 29 pays ont expulsé des diplomates russes, dont la majorité de pays européens.
En réponse, la Russie a expulsé 60 diplomates américains (14).
L’Administration Biden relance la politique anti-russe
Mais un certain nombre de pays ont refusé de participer à cette attaque diplomatique coordonnée : l’Autriche, la Slovénie, la Slovaquie, le Luxembourg, Chypre, la Bosnie-Herzégo-vine, la Bulgarie, Malte, la Turquie, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Grèce, le Mon-ténégro (15), ainsi qu’Israël (déjà en mauvaise posture sur le dossier syrien et qui ne souhaitait pas s’aliéner plus encore la Russie).
Mais Theresa May ne s’est pas contentée d’expulser des diplomates russes ; elle s’est dite « prête à prendre des mesures plus importantes », rappelant dans la foulée que les troupes britanniques étaient stationnées sur une base de l’OTAN située en Estonie, pays frontalier de la Russie (16).
L’OTAN
REPRISES DES HOSTILITÉS ?
Gardons à l’esprit que la politique de détente de Trump vis-à-vis de la Russie fut une parenthèse et qu’elle a été menée par une minorité de l’establishment états-unien qui a perdu la bataille face à l’État profond.
Cet État profond qui a totalement repris les manettes ainsi que sa constante politique belliciste et anti-russe. En quelque sorte, l’administration Biden va appliquer le programme d’Hillary Clinton qui a perdu en 2016. Et à cette époque, le discours vis-à-vis de la Russie était extrêmement belliqueux.
le général de l’Army US Mark Milley, chef du QG en plus — un fou furieux de la russophobie
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L’hystérique Hillary n’était pas loin d’envisager la guerre contre le pays de Poutine, et avait proposé à plusieurs reprises de raser l’Iran de la carte.
En juillet 2015, pour faire plaisir aux Israéliens, Hillary Clinton déclarait : « Je veux que les Iraniens sachent que si je suis présidente, nous attaquerons l’Iran… Nous serons capables de les oblitérer totalement. » (17)
Du côté militaire, l’actuel chef d’État major des armées (depuis septembre 2019), le Général Mark Milley, menaçait la Russie et la Chine (alors qu’il était chef d’État-major de l’armée de terre, de 2015 à 2019), à la veille de l’élection présidentielle américaine de 2016 que devait, du point de vue de l’élite états-unienne, remporter Hillary Clinton.
Lors de la réunion annuelle de l’Association of the United States Army à Washington D.C., le 4 octobre 2016, Mark Milley déclarait :
« La volonté stratégique de notre nation, les Etats-Unis, est remise en cause et nos alliances tes-tées comme elles ne l’ont pas été depuis de très nombreuses décennies. Mais je veux être clair ; je veux être sans ambiguïté. Je veux être clair avec ceux qui tentent de s’opposer aux Etats-Unis… nous allons vous stopper et nous allons vous battre plus durement que vous ne l’avez jamais été auparavant… nous détruirons n’importe quel ennemi, n’importe où, n’importe quand… Je mets en garde les ennemis de l’Amérique…Nous sommes de plus en plus contestés par des adversaires potentiels très compétents qui agissent clairement en s’opposant à nos intérêts. Mais si la dissuasion échoue, nous, en tant qu’armée, nous, en tant que nation, devons être prêts à nous battre ! D’autres pays, Russie, Iran, Chine et Corée du Nord ont appris de nous… Ils ont étudié notre doctrine, nos tactiques, nos équipements, notre organisation, notre entraînement et nos dirigeants. Et en retour ils ont révisé leurs propres doctrines et ils modernisent rapidement leurs armées aujourd’hui pour déjouer nos forces, dans l’espoir d’arriver à nous vaincre un jour… À ce stade nous pouvons développer quelques points que nous avons appris au cours de l’étude que nous avons menée intensément cette année sur la guerre future de haute intensité entre des Etats-nations de grande puis-sance. Et le premier est sans surprise qu’elle sera hautement mortelle, très hautement mortelle, contrairement à tout ce que notre armée a connu au moins depuis la Seconde Guerre mondiale… » (18)
L’homme qui a tenu ce discours est au-jourd’hui, depuis septembre 2019, le chef d’État-major des armées des Etats-Unis.
LA RUSSIE EST PRÊTE POUR LA CONFRONTATION MILITAIRE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES
Face à ce discours belliciste, aux manœuvres de l’OTAN aux frontières russes, aux provocations en Ukraine et en Syrie, la Russie a pris ses dispositions.Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a évoqué cet état de fait, lors de la 53e Conférence de Munich sur la sécurité qui a eu lieu les 17-19 février 2017 :
« Il y a dix ans, le Président de Russie Vladimir Poutine prononça un discours que beaucoup en Occident considéraient comme un défi et même une menace, bien que le message soulignait avant tout la nécessité de renoncer aux actions unilatérales et ce en faveur d’une coopération honnête basée sur le respect mutuel, le droit international, l’évaluation conjointe des problèmes mondiaux et la prise de décision collective. Malheureusement, les avertissements qu’il a alors évoqués sur les conséquences négatives d’entraver l’émergence d’un monde multipolaire sont devenus réalité. L’Humanité est à la croisée des chemins aujourd’hui. L’ère historique qui pourrait être appelée l’Ordre post-guerre froide est ar-rivée à sa fin.
Son principal résultat, nous le voyons, était l’échec total des institutions de la Guerre froide à s’adapter aux nouvelles réalités. Le monde n’est devenu ni “occidentalo-centrique”, ni un endroit plus sûr et plus stable. Cela est évident au regard des résultats de la “démocratisation” du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et ailleurs.
L’expansion de l’OTAN a créé un niveau de tension jamais vu en Europe depuis 30 ans… Nous rejetons catégoriquement les allégations de ceux qui accusent la Russie et les nou-veaux centres d’influence mondiale de tenter de saper l’ordre libéral. Ce modèle global a été préprogrammé pour la crise dès le moment où cette vision de la mondialisation économique et politique a été conçue avant tout comme un instrument pour assurer la croissance d’un club élitiste de pays et sa domination sur tous les autres. Il est clair qu’un tel système ne pourrait durer éternellement.
Les dirigeants qui ont un sens de la responsabilité doivent maintenant faire leur choix. J’espère que ce choix sera fait en faveur d’un ordre mondial démocratique et juste, d’un ordre mondial post-occidental, si vous voulez, dans lequel chaque pays développe sa propre souveraineté dans le cadre du droit international et s’effor-cera d’équilibrer ses propres intérêts natio-naux avec ses partenaires, dans le respect de l’identité culturelle, historique et civilisation-nelle de chaque pays. » (19)
De toute évidence, si les responsables anglo-américains se refusent à accepter le monde multipolaire, la guerre mondiale restera la seule issue.
Et les dirigeants russes le savent pertinemment. Raison pour laquelle ils ont modernisé leur armée pour se préparer à la guerre, ou pour l’empêcher (Si vis pacem para bellum:= [latin] “Si tu veux la paix, prépare la guerre”).
Le 28 février 2017 à Genève, devant le Conseil des droits de l’homme, puis devant la conférence du désarmement, le Ministre russe des Affaires étrangères a fait savoir que :
« Chacun doit bien comprendre que l’armée américaine entraîne actuellement des armées européennes à utiliser des armes nucléaires tactiques contre la Russie. » (20)
Il a en outre déploré un non-respect du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de la part de Washington.
D’après les Russes, l’armée américaine entraîne, outre le Royaume-Uni, des puissances européennes dépourvues d’arme nucléaire à utiliser celles qui sont stockées sur leurs territoires respectifs. Ces pays sont notamment les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie.
Le 2 février 2018, l’Administration Trump a dévoilé un rapport traitant de la doctrine nucléaire militaire des Etats-Unis — un document intitulé “Nuclear Posture Review” (NPR) (21) — dans lequel ils affirment pouvoir en faire usage même en cas d’attaque conventionnelle.
Ce rapport suggère de développer des missiles nucléaires de faible puissance, invoquant la « menace russe » (22).
À la lecture du rapport, on apprend que les Etats-Unis s’octroient la possibilité de faire usage de l’arme nucléaire dans « des circonstances extrêmes, pour défendre les intérêts des Etats-Unis, leurs alliés et leurs partenaires ».
Les « circonstances extrêmes » en question peuvent être « des attaques non nucléaires stratégiques », qu’elles soient dirigées contre des populations civiles ou des infrastructures des Etats-Unis, de leurs alliés ou de leurs partenaires.
Mais il n’y a là rien de nouveau, l’administration Obama avait déjà évoqué cette option en 2010 (23).
Et c’est la Russie qui est directement visée. La nouvelle « stratégie de défense nationale » américaine est élaborée par une volonté affichée par Washington d’adapter sa stratégie nucléaire au « retour déterminé à la concurrence entre grandes puissances » que souhaiterait la Russie (24).
Les autorités américaines s’alarment du fait que Moscou « développe et déploie de nouvelles têtes nucléaires et de nouveaux lanceurs ». Commentant ce rapport devant la presse, Greg Weaver, le responsable des capacités stratégiques au sein de l’État-major américain, a estimé qu’il existait aujourd’hui une “disparité” entre les capacités russes et celles des Etats-Unis et de l’OTAN. « Nous avons conclu que notre stratégie et nos capacités actuelles étaient clairement perçues par les Russes comme potentiellement insuffisantes pour faire de la dissuasion », a-t-il précisé.
Pour répondre à cette “menace” russe, la NPR propose de développer un nouveau type de missiles nucléaires de faible puissance, qui pourraient être lancés depuis des sous-marins.Le secrétaire adjoint à la Défense chargé de la politique nucléaire, Robert Soofer, a confié aux journalistes : « La Russie doit comprendre que lancer une attaque nucléaire, même limitée, ne lui permettra pas d’atteindre son objectif, modifiera fondamentalement la nature du conflit et aura un coût incalculable et intolérable pour Moscou. »
Le 18 décembre 2017, le président Trump a dévoilé la nouvelle stratégie sécuritaire américaine (“National Security Strategy of the United States of America” (25)), laquelle a pour objectif de préserver la domination militaire et économique des Etats-Unis.
Parmi les menaces exposées dans un compte rendu de la Maison-Blanche (26), se trouvent en tête de liste les « puissances révisionnistes (NDA : remettant en cause le système international actuel), comme la Chine et la Russie ».
Ces pays chercheraient, d’après le document, à « former un monde antithétique aux intérêts et aux valeurs des Etats-Unis ».
Le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, n’a pas tardé à répondre aux menaces américaines. Lors de son discours devant le parlement russe à Moscou, le 1er mars 2018, le président russe avait envoyé un message clair aux Etats-Unis en dévoilant la puissance renouvelée de son armée (27). Ce sont là les constantes de la géopolitique américaine vis-à-vis de la Russie que la parenthèse Trump a momentanément et relativement occultées et qui reprennent toute leur inquiétante vigueur avec l’administration Biden.
Jean TERRIEN.
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1. Antony Blinken a été conseiller adjoint à la sécurité nationale (de 2013 à 2015), puis secrétaire d’Etat adjoint (de 2015 à 2017) sous l’administration Obama. D’origine juive, il est le demi-frère de Léah Pisar, elle-même juive, franco-américaine et ancienne conseillère de Bill Clinton. Elle est actuellement présidente du Projet Aladin qui a pour objectif de combattre le révisionnisme dans le monde musulman et d’y promouvoir le culte de la Shoah. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antony_Blinken http://www.projetaladin.org/
Antony Blinken a « réitéré à plusieurs reprises la vision de son beau-père Samuel Pisar, un survivant d’Auschwitz et d’autres camps d’exterminations nazis. »http://www.projetaladin.org/fr/antony-blinken-%C3%A0-la-t%C3%AAte-de-la-diplomatie-am%C3%A9ricaine.html
2. https://www.capital.fr/economie-politique/les-etats-unis-face-aux-multiples-defis-poses-par-la-russie-1392946 3. https://www.lexpress.fr/actualite/monde/etats-unis-russie-ce-que-se-sont-dit-biden-et-poutine-lors-de-leur-premier-appel_2143577.html
4. Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, 1997, Bayard Editions, pp. 103-104.5. Zbigniew Brzezinski, op. cit., p. 74.6. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/23/l-hopital-de-berlin-publie-les-details-de-l-empoisonnement-d-alexei-navalny-au-novitchok_6064348_3210.html
7. https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/06/04/hydroxychloroquine-trois-auteurs-de-l-etude-du-lancet-se-retractent_6041803_1650684.html 8. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/23/l-hopital-de-berlin-publie-les-details-de-l-empoisonnement-d-alexei-navalny-au-novitchok_6064348_3210.html 9. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/15/l-union-europeenne-sanctionne-plusieurs-proches-de-poutine-pour-l-empoisonnement-de-navalny_6056134_3210.html 10. http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/21/affaire-litvinenko-poutine-a-probablement-approuve-le-meurtre-de-l-opposant-russe-selon-un-juge-britannique_4851120_3214.html
11. https://francais.rt.com/international/48655-theresa-may-russie-accusation-empoisonnement-cirque 12. http://www.liberation.fr/planete/2018/03/30/empoisonnee-avec-son-pere-ex-espion-russe-youlia-skripal-a-repris-conscience_1639969 13. http://lesakerfrancophone.fr/la-nouvelle-guerre-froide-lancee-par-may-empoisonne-le-parti-travailliste-de-corbyn 14. https://fr.sputniknews.com/infographies/201803281035707917-affaire-skripal-russie-diplomates/ D.R.
15. https://fr.sputniknews.com/international/201803271035699915-expulsion-diplomates-campagne-abstentions/ 16. https://francais.rt.com/international/48655-theresa-may-russie-accusation-empoisonnement-cirque 17. Voir l’article de Global Research, Hillary Clinton : « If I’m president, We Will Attack Iran », 05/07/2015.
18. Voir le discours dans son intégralité sur : https://www.les-crises.fr/nous-vous-detruirons-les-terrifiantes-menaces-du-chef-detat-major-des-usa-a-la-russie-et-a-la-chine/
19. Lire la retranscription complète du discours : http://www.mid.ru/en/press_service/minister_speeches/-/asset_publisher/7OvQR5KJWVmR/content/id/264829
20. https://francais.rt.com/international/48368-lavrov-armee-us-entraine-etats-europeens
21. https://admin.govexec.com/media/gbc/docs/pdfs_edit/2018_nuclear_posture_review_-_nal_report.pdf 22. https://francais.rt.com/international/47812-etats-unis-prets-riposter-avec-arme-nucleaire-meme-cas-attaque-conventionelle 23. http://www.latimes.com/nation/la-na-pol-nuclear-trump-20180202-story.html 24. https://francais.rt.com/international/47425-washington-denonce-menace-croissante-moscou-pekin-puissances-revisionnistes
25. https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/12/NSS-Final-12-18-2017-0905.pdf 26. https://www.whitehouse.gov/briengs-statements/president-donald-j-trump-announces-national-security-strategy-advance-americas-interests/ 27. https://www.frstrategie.org/publications/notes/discours-1er-mars-vladimir-poutine-quels-messages-2018 D.R.
…AIDEZ-NOUS ! AIDEZ RIVAROL ! Le 4 novembre 2020, le directeur de RIVAROL a été condamné par la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris à trois mois de prison avec sursis, 4 000 euros d’amende et 11 000 euros de dommages et intérêts pour différents écrits, datant de 2018 et début 2019, dont un éditorial sur la panthéonisation de Simone Veil. La loi interdit de demander des dons pour le paiement des amendes et des dommages et intérêts, mais il est possible de nous aider autrement, de manière tout à fait légale :l Abonnez-vous, réabonnez-vous (voir le bulletin d’abonnement page 11 avec tous les tarifs), même par anticipation (auquel cas, votre abonnement sera prolongé d’autant), abonnez des amis, des connaissances, de la famille, des relations de travail ou autres.
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Merci pour tout ce que vous pourrez faire pour nous aider, dans ces temps si difficiles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Haut les cœurs ! Merci d’avance du fond du cœur pour votre cadeau de Noël à RIVAROL.
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