Après 3 ans d’épreuves et à quelques jours de Noël, cultivons ce sentiment qui réchauffe le cœur
Cher(e) ami(e) de la Santé,
C’est la « fin de l’abondance », paraît-il…
…et des millions de foyers modestes en seront victimes, hélas.
Je ne veux pas minimiser la gravité de la situation, pour les plus vulnérables d’entre nous.
Mais aujourd’hui, je voudrais vous parler du revers de la médaille de l’abondance.
La société d’abondance n’a pas que des bienfaits… et a un gros défaut.
C’est que l’on a tendance à s’y habituer – à considérer le confort comme « normal ».
On a tendance à oublier la chance que l’on a d’avoir l’eau courante, le chauffage, et tout le confort que nous procure l’énergie (quand elle n’est pas hors de prix).
Et le problème, avec la nature humaine…
…c’est que lorsqu’on s’habitue au confort…
…on peut avoir tendance à lorgner sur celui du voisin.
C’est un des pièges de la modernité : quand leurs besoins vitaux sont satisfaits… certaines personnes ont tendance à se comparer à ceux qui ont toujours plus.
Le piège de l’envie
Jean-Jacques Rousseau est le premier philosophe à avoir souligné ce risque.
Pour lui, notre tendance à nous comparer est la conséquence directe de l’abondance :
« Tant qu’occupé des seuls besoins absolus, on se borne à rechercher ce qui nous est vraiment utile, on ne jette guère sur d’autres un regard oiseux »[1].
Le problème, nous dit Rousseau, est que nous avons toujours tendance à nous comparer avec ceux qui possèdent plus :
« On oublie ce qu’on a de plus pour s’occuper uniquement de ce qu’on a de moins ».
Évidemment, c’est calamiteux pour le bonheur et l’épanouissement personnel.
C’est le meilleur moyen d’être malheureux, car quoi qu’on fasse, il y aura toujours quelqu’un de mieux loti que nous, et dont on pourrait être jaloux.
C’est pourquoi la course à l’accumulation des richesses ne conduit jamais au bonheur. C’est le destin du hamster qui n’arrête pas de tourner en rond.
Avec le risque en plus, bien décrit par Rousseau, de créer de la distance entre vous et les autres :
« Sitôt qu’un homme se compare aux autres il devient nécessairement leur ennemi, car chacun voulant en son cœur être le plus puissant, le plus heureux, le plus riche, ne peut regarder que comme un ennemi secret quiconque ayant le même projet en soi-même »[2]
C’est une pente dramatique puisqu’il n’y a rien de plus précieux que d’entretenir des relations saines et profondes avec d’autres êtres humains.
Heureusement, il existe un antidote très efficace à ce piège de l’envie.
Cinq lettres magiques pour vivre mieux
Il s’agit d’un sentiment très simple, et très pur : celui de la gratitude. Le simple fait de dire « merci ».
Ce n’est pas un hasard si toutes les traditions morales et spirituelles encouragent les hommes à être reconnaissants les uns envers les autres et à remercier la destinée, Dieu ou la nature des bienfaits qu’ils reçoivent de la vie.
Sur le plan scientifique, de nombreuses études montrent à quel point cultiver la gratitude produit d’éclatants bienfaits pour notre santé[3].
Mais la gratitude est plus qu’un simple médicament.
C’est aussi l’antidote aux ravages de l’envie, car la gratitude nous invite à nous comparer avec ceux qui ont moins (et non ceux qui ont plus). Elle nous invite à nous réjouir de notre situation en pensant à ceux qui souffrent davantage.
Ukraïne
.
La gratitude permet de bloquer net les émotions toxiques comme l’envie et l’amertume. Plutôt que de jalouser celui qui a plus, la gratitude nous fait apprécier ce que nous avons.
Et c’est si simple à pratiquer !
Ainsi, dès le matin, au réveil, chacun d’entre nous peut prendre quelques secondes pour réaliser la chance que nous avons.
Nous aurions pu nous réveiller aveugle, sourd ou paralysé… mais non, notre cœur bat tranquillement, nous respirons sans difficulté, nous avons bien nos deux jambes, nos deux bras et une tête bien faite.
Nous avons la chance d’avoir un toit au-dessus de notre tête. Nous avons de l’eau courante, de l’électricité à toute heure de la journée (on croise les doigts pour janvier !), un ordinateur ou téléphone qui nous permet de nous connecter à des informations passionnantes.
Nous avons des yeux pour admirer la beauté de ce qui nous entoure.
Des sapins enneigés dans la UP (péninsule supérieur du Michigan)
Puis, il suffit d’aller un cran plus loin, en se montrant reconnaissant.
En disant merci. En exprimant sa gratitude.
Si on est croyant, c’est facile : il suffit de remercier le Créateur. Si on ne l’est pas, on peut remercier « la vie » pour tous ses bienfaits.
Il est bon de réaliser que ce qu’il y a de positif dans notre vie, nous le devons au moins en partie à quelqu’un d’autre : à nos parents qui nous ont donné la vie, et à tous ceux qui l’ont influencée, en bien. Et on peut les en remercier.
Vous êtes malade, vous souffrez, vous traversez des épreuves ? Même dans ce cas, il est bon d’essayer de faire l’effort de remercier la vie pour ce qu’elle apporte de positif. Des études ont montré que la gratitude produit ses bienfaits y compris chez des victimes d’une maladie dégénérescente et incurable[4].
Cette reconnaissance peut durer quelques secondes, et permet de bien commencer la journée.
Je te remercie au ciel, Marguie, pour nos 17 ans ensembles!
Le soir venu, si besoin, on peut prendre à nouveau une à deux minutes.
Cette fois, on peut se remémorer (ou même noter dans un carnet) tout ce qui s’est produit de positif dans la journée, et exprimer sa reconnaissance à ceux qui l’ont facilité.
« Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries », disait joliment Marcel Proust.
Et bien sûr, tout au long de la journée, nous pouvons remercier chaleureusement tous ceux qui nous rendent service.
La magie de la gratitude est de nous lier plus étroitement aux autres. Elle nous pousse à la bienveillance envers celui qui nous a rendu service… qui se sentira d’autant plus proche de nous qu’il recevra un « merci » !
Après les épreuves de ces dernières années, cela fait du bien !
La gratitude est précieuse, aussi, car elle nous conduit à reconnaître (au sens de constater, d’admettre) qu’il y a du bien dans son existence.
La vie n’est jamais parfaite et est parfois douloureuse. Les drames et scandales liés au Covid nous l’ont cruellement rappelé, ces dernières années.
Mais la vie comporte toujours des joies, des moments dignes d’être vécus.
La gratitude nous invite à célébrer ces moments, à reconnaître ce qui va bien dans notre vie plutôt que de ruminer ce qui va mal, à se concentrer sur le positif plutôt que le négatif.
Ce n’est pas de la simple « pensée positive ». Il ne s’agit pas de se voiler la face et d’ignorer les difficultés ou les défis de la vie quotidienne. Il s’agit de réaliser que même les épreuves peuvent nous apporter quelque chose, et que c’est sur cela qu’il faut se concentrer.
Plus profondément, la gratitude nous détourne de nous-même pour nous ouvrir à autrui. Nous reconnaissons que nous devons à autrui au moins une partie des bienfaits qui nous arrivent.
Et plus nous exprimons notre gratitude à autrui, plus il se réjouit de nous faire du bien. Et plus il le fait, plus nous avons de raisons de lui être reconnaissants…
C’est un cercle vertueux… sans fin !
Bonne santé, et Joyeux Noël à vous tous !
Xavier Bazin
Sources :
[1] Second dialogue, Rousseau juge de Jean-Jacques.
[2] Fragments politiques, II, « De l’Etat de nature
[3] https://www.sante-corps-esprit.com/gratitude/
[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12585811/
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