FRENCH L’Iran met Israël en garde contre une guerre apocalyptique

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Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, lors de la cérémonie de remise des diplômes des académies militaires du pays, en 10 octobre 2023

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L’Iran met en garde Israël contre une guerre apocalyptique


Par M.K. Bhadrakumar – Le 11 octobre 2023 – Source Indian Punchline

Alors que les États-Unis spéculent de plus en plus sur l’implication de Téhéran dans l’attaque du Hamas contre Israël samedi dernier et que le Pentagone aurait décidé d’envoyer d’ici le week-end un deuxième porte-avions en Méditerranée orientale, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, s’est exprimé pour la première fois sur cette situation explosive.

Khamenei s’est exprimé mardi à Téhéran en sa qualité de commandant en chef des forces armées iraniennes, choisissant l’occasion de la cérémonie annuelle de remise des diplômes aux élèves officiers des académies militaires iraniennes pour s’attarder sur le sujet.

Fait sans précédent, des extraits des propos de Khamenei ont été transmis en hébreu à l’auditoire israélien.

 

La déclaration de Khamenei met en garde Israël contre toute action irréfléchie dont il pourrait avoir à se repentir plus tard. Khamenei prévoit la “défaite irrémédiable” d’Israël. Il a déclaré que “le meurtre d’hommes, de femmes, d’enfants et de personnes âgées palestiniens, la profanation de la mosquée Al-Aqsa, les coups portés aux fidèles et la libération de colons armés pour attaquer le peuple palestinien font partie des atrocités commises par le régime sioniste“.

Khamenei a soulevé trois points essentiels dans son discours :

  1. Premièrement, Israël fait fausse route en s’engageant dans une telle guerre contre Gaza. “Les dirigeants et les décideurs du régime sioniste et ceux qui les soutiennent doivent savoir que ces actions leur vaudront un plus grand désastre et que le peuple palestinien, avec une détermination plus ferme, giflera plus durement leurs visages hideux en réponse à ces crimes.”
  2. Deuxièmement, la rumeur “répandue par les éléments du régime sioniste et ses partisans” sur l’implication de “non-Palestiniens (lire Hezbollah), y compris l’Iran” dans les récents événements est “absurde“.
  3. Troisièmement, et c’est le plus important, Khamenei a commencé ses remarques en décrivant les forces armées iraniennes comme “la forteresse d’acier de la sécurité, de l’honneur et de l’identité nationale“. Il a rappelé le brillant bilan des forces armées iraniennes dans leur guerre de huit ans contre l’Irak, qui était aussi une guerre d’envergure, et plus tard, dans la mise en échec du “complot diabolique” des États-Unis visant à créer ISIS et à déstabiliser la région, l’Iran étant la cible ultime.

Khamenei a été tout à fait explicite sur le fait que les forces armées iraniennes sont en état de préparation et qu’elles ont la capacité de défendre le pays en cas de coup dur. Cela dit, il a également fait une remarque nuancée : “Le monde islamique tout entier est obligé de soutenir la nation palestinienne“.

En définitive, selon Khamenei, “du point de vue militaire et du renseignement, cette défaite (d’Israël) est irréparable. C’est un tremblement de terre dévastateur. Il est peu probable que le régime usurpateur puisse utiliser l’aide de l’Occident pour réparer les profonds impacts que cet incident a laissés sur ses structures dirigeantes“.

En effet, Israël est confronté à une grave crise existentielle due à la désunion en son sein et à la non-pertinence de ses prouesses militaires pour relever les défis de la guerre hybride qu’il subit. L’Iran considère donc que l’avantage se trouve du côté de l’axe de la résistance.

Il est intéressant de noter que l’Égypte a révélé qu’elle avait averti Israël de l’imminence d’une attaque de grande envergure par le Hamas, mais que ce dernier n’avait pas réagi. Il est certain qu’à un moment ou à un autre, Israël fera le point sur la situation. Le Premier ministre Netanyahou sera bien en peine de s’expliquer. D’un autre côté, il essaiera typiquement de dissimuler la situation et d’attiser la xénophobie en lançant des cris de guerre pour détourner l’attention.

Dans l’ensemble, il est inconcevable qu’étant donné les conséquences catastrophiques, les États-Unis osent attaquer l’Iran. Mais la tentation sera grande de faire reculer le Hezbollah au Liban voisin en profitant de l’occasion qui se présente et, deuxièmement, de déstabiliser gravement la situation syrienne tandis que la Russie reste préoccupée par l’Ukraine – c’est-à-dire de faire une tentative désespérée pour réduire à néant les gains de ce que l’on appelle l’Axe de la résistance dirigé par l’Iran au cours de la dernière décennie et même plus. Par conséquent, il ne fait aucun doute que cela reste un point d’ignition potentiel en ce qui concerne l’Iran, et Téhéran restera vigilant pour ne pas perdre de terrain au Levant.

Le cœur du problème est que les États-Unis et Israël sont confrontés aujourd’hui à un Iran très différent de celui auquel ils ont été habitués au cours des quatre dernières décennies et plus, depuis la révolution islamique de 1979. Considérons ce qui suit :

  • L’Iran n’est plus isolé et a réussi à surmonter les sanctions occidentales ;
  • L’adhésion aux BRICS change la donne pour l’intégration de l’Iran dans la communauté mondiale.
  • L’Iran est un État du seuil dans son programme d’armement nucléaire, qui entretient des relations étroites avec la Russie et la Chine et peut même faire pencher la balance dans la corrélation des forces en Asie occidentale et dans les régions voisines, voire au niveau international.
  • L’Iran n’est plus prisonnier d’une rivalité régionale débilitante avec l’Arabie saoudite et l’apaisement des conflits au Yémen et en Syrie permet à Téhéran de manœuvrer sur la scène diplomatique. (Le ministre iranien des affaires étrangères se coordonne activement avec ses homologues dans la région).

Tout cela permet à l’Iran de passer à la phase suivante de son développement, de renforcer sa présence dans le monde et d’étendre son influence. Il est visible que l’Iran est en train de dépasser Israël dans la dynamique de puissance de la région. En tant que pays beaucoup plus petit, à l’avenir incertain, appelé à s’adapter à la nouvelle réalité du retrait des États-Unis, Israël n’est plus dans la même ligue que l’Iran. L’opération du Hamas met en lumière cette réalité géopolitique.

Une guerre prolongée à Gaza constituera une ponction colossale sur les ressources d’Israël et ne pourra qu’affaiblir le pays. L’issue de cette guerre reste incertaine. Mais d’un autre côté, Israël estime qu’il n’a pas non plus d’options diplomatiques. De plus, si le Hezbollah entre en jeu, tout ce qui s’est passé samedi dernier en Israël ressemblera à un pique-nique. Avec son stock massif de missiles avancés – près de 200 000 roquettes dirigées vers pratiquement tous les coins et recoins d’Israël – le Hezbollah a la capacité de détruire Israël de fond en comble.

Le déploiement de deux porte-avions américains en Méditerranée orientale vise principalement à envoyer un message fort au Hezbollah. D’autre part, il souligne également qu’en plus de l’Ukraine et de Taïwan, le théâtre ouest-asiatique continuera d’engager les États-Unis dans un avenir prévisible. S’il ne s’agit pas d’une surenchère impériale, qu’est-ce que c’est ? Quelque chose doit céder.

Nous n’en sommes qu’au début. Pendant ce temps, le front uni de l’UE au sujet de la guerre d’Israël contre le Hamas montre déjà ses premières fissures. Lundi, quelques heures après l’annonce que l’UE allait réexaminer 691 millions d’euros d’aide à l’Autorité palestinienne et suspendre immédiatement tous les paiements, Josep Borrell, responsable de la politique étrangère, s’est rétracté, déclarant que la Commission “ne suspendrait pas les paiements dus” car “punir tout le peuple palestinien” aurait “nui aux intérêts de l’UE dans la région et n’aurait fait qu’enhardir davantage les terroristes“.

Des désaccords sont apparus entre les pays de l’UE sur le conflit. Historiquement, la question israélo-palestinienne est l’une de celles qui divisent le plus l’UE. Plusieurs pays, dont l’Irlande, le Luxembourg et le Danemark, ont demandé que le texte commun de l’UE sur le conflit fasse référence à la désescalade, ce à quoi d’autres se sont opposés. La France, les pays nordiques, la Belgique et l’Irlande soutiennent traditionnellement une position que d’autres pays considèrent comme trop pro-palestinienne.

De toute évidence, alors que pratiquement aucun pays du Sud – à l’exception d’une poignée de cas comme l’Inde – ne se précipite pour exprimer sa “solidarité” avec Israël dans sa guerre apocalyptique contre Gaza et que les contradictions au sein d’Israël risquent d’imploser tôt ou tard, Téhéran est en droit de penser qu’il est du bon côté de l’histoire.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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…..Mon commentaire lapidaire

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