FRENCH Presque aucun allié : pourquoi l’Allemagne s’éloigne progressivement des États-Unis

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Un Allemand: “Je ne veux pas de guerre avec la Russie!”

 

Presque aucun allié : pourquoi l’Allemagne s’éloigne progressivement des États-Unis

Par E. Coachman – Le 13 août 2019 – Source Katehon.com:

https://lesakerfrancophone.fr/presque-aucun-allie-pourquoi-lallemagne-seloigne-progressivement-des-etats-unis

L’ambassadeur des États-Unis à Berlin, Richard Grenell [JdN: qui, d’ailleurs, est ouvertment homosexuel], a déclaré que si l’Allemagne n’augmente pas ses contributions au budget de l’OTAN, Washington déplacera l’armée américaine vers la Pologne, laissant les Allemands sans protection face à la « menace russe ». Pourquoi la réaction en Allemagne a-t-elle été inattendue et à quoi mènera-t-elle ?

Au cours de cette dernière année, les relations entre les États-Unis et l’Allemagne ont connu de graves turbulences, et les contradictions grossissent comme une boule de neige. Il y a quelques années, personne n’aurait douté que l’Allemagne était l’un des alliés américains les plus fiables en Europe, mais les politiques de Washington sont en train de creuser un fossé.

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Bien sûr, le gazoduc russe Nord Stream-2 a joué un rôle important dans ce refroidissement. Pour ce qui concerne les sanctions contre la Russie, l’Allemagne, comme toute l’Europe, était solidaire de la position étasunienne. On demandait aux Allemands de soutenir des restrictions qui ne devaient pas affecter négativement l’économie allemande. On demandait également une position politique, renforcée par des déclarations anti-russes, et aussi leur territoire pour le déploiement du plus grand contingent militaire étasunien en Europe.

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À ce moment-là, l’Allemagne supposait que, en tant qu’allié, elle avait déjà fait les concessions les plus importantes aux Américains, en lui permettant également de déployer des armes nucléaires américaines sur son territoire. Cependant, il est devenu évident que Washington en voulait davantage. C’était insupportable pour Berlin qui, pour la première fois, a commencé à évoquer le fait que les États-Unis ne sont plus un allié de l’Allemagne.

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Washington n’a même pas essayé de trouver un accord avec son partenaire stratégique. Au lieu de cela, les États-Unis sont passés à la méthode du fouet et ont essayé d’intimider Berlin par de nouvelles sanctions et des mesures punitives. La dernière démarche de l’ambassadeur américain en Allemagne a profondément importuné beaucoup d’Allemands, et le Bundestag montre déjà son hostilité à Washington.

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L’Allemagne sans défense

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Comme il fallait s’y attendre, de nouvelles menaces ont été exprimées par un homme que les Allemands essayaient déjà de déclarer persona non grata : l’ambassadeur Richard Grenell. En 2018, il a été le premier haut fonctionnaire américain à déclarer expressément que l’Allemagne serait inévitablement sanctionnée pour avoir soutenu le gazoduc Nord Stream 2. Avec ces menaces, il a provoqué une réaction hostile parmi de nombreux politiques et fonctionnaires à Berlin, mais le cabinet d’Angela Merkel n’a pas osé prendre des mesures radicales qui auraient signifié un conflit direct avec Washington.

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R. Grenell a continué de faire pression sur Berlin. Vendredi dernier, le 9 août, l’ambassadeur a décidé d’humilier à nouveau les Allemands parce qu’ils ne sont pas pressés de se conformer à l’instruction d’augmenter les allocations à l’OTAN à hauteur de 2% du PIB formulée par Donald Trump.
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En fait, il est tout simplement insultant de penser que les contribuables américains devraient continuer à financer plus de 50 000 [militaires] américains pour leur séjour en Allemagne, alors que les Allemands continuent de dépenser ce revenu pour leurs besoins intérieurs,
a déclaré M. Grenell dans un entretien avec Deutsche Presse Agentur qui a ensuite été diffusé par presque tous les médias allemands.
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Cependant, l’ambassadeur ne s’est pas arrêté à cette réprimande et s’est tourné vers les menaces. Il a noté que les États-Unis pourraient retirer leurs bases et leur personnel militaire d’Allemagne pour les redéployer en Pologne, laissant ainsi les Allemands sans défense face à la menace russe. Selon M. Grenell, la Pologne a déjà exprimé son intérêt pour le déploiement d’un contingent américain élargi sur son territoire.
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Pas d’embarras pour Berlin

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Cependant, au Bundestag la réponse n’a pas été du tout celle que M. Grenell avait prévue. Car la réaction de Berlin, même si elle ne s’est pas faite au niveau de la Chancelière, a suivi sans attendre : Dietmar Barch, le chef du Parti de gauche du Bundestag, a répondu à l’ambassadeur américain par le biais de la Hannoversche Allgemeine Zeitung.

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Si les Américains retirent leurs soldats, ils doivent aussi emporter leurs armes nucléaires avec eux. Et, bien sûr, les remporter chez eux, et non en Pologne, parce que [sinon], ce serait [un autre motif d’]escalade dramatique dans les relations avec la Russie, ce qui ne répond pas aux intérêts européens et allemands.

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M. Barch a convenu que les contribuables américains ne sont pas tenus de payer pour les soldats américains en Allemagne, ni pour le déploiement d’armes nucléaires en Allemagne. Ainsi, déjà au Bundestag, on déclare de plus en plus explicitement que l’Allemagne n’a pas vraiment besoin d’être « protégée » de Moscou, et surtout au prix exigé par Trump.

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En même temps, il y a toutes les raisons de croire que de tels sentiments en Allemagne sont déjà systémiques. Car on partage une opinion similaire dans le parti de droite Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne).

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Avec la réaction de la gauche et de la droite en Allemagne, nous pouvons dire qu’un sentiment anti-américain est en cours de formation au Bundestag. Par exemple, nous notons que l’« occupation » des Américains en Allemagne est appelée comme telle par un membre de la Commission des affaires internationales du Bundestag.

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Berlin est officiellement silencieux, mais cette formation est renforcée par ce que les autorités allemandes font, ou plutôt, ne font pas. C’est ce qui est devenu un chiffon rouge pour les personnalités étasuniennes.

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Des contradictions croissantes

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Comme le Wall Street Journal l’a écrit précédemment, selon le Ministère allemand des finances, le pays dispose maintenant d’un budget militaire de 43 milliards d’euros (49 milliards de dollars), ce qui correspond à environ 1,2% du PIB. En 2020, les dépenses de défense allemandes augmenteront à 1,37% du PIB. Mais ensuite (et c’est le plus important) Berlin commencera à réduire les dépenses : 1,33% du PIB en 2021, 1,29% en 2022 et 1,25% du PIB en 2023.

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Dans cette situation, il serait insensé pour Washington de s’attendre à ce que 2% du PIB soient alloués à l’OTAN. Parmi les raisons que les économistes invoquent, il y a tout d’abord le ralentissement de la croissance économique allemande. Or l’ex-Ministre de la défense du pays, Ursula von der Leyen, a déclaré que Berlin, bien qu’il ait promis à Washington d’augmenter ses contributions, le ferait conformément à ses capacités. L’objectif d’Angela Merkel était d’augmenter graduellement les dépenses de défense sur dix ans. C’est pourquoi, cette année, il est prévu de les augmenter à 1,34% du PIB, et à 1,5% d’ici 2025. Mais les États-Unis veulent tout, tout de suite.

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Cette question ne fait pas que s’ajouter maintenant à un corpus de contradictions. Dans une perspective plus large, l’Allemagne est confrontée à la tâche de déterminer dans quelle mesure elle détient sa propre souveraineté et le droit de mener une politique indépendante. La dernière fois que Berlin a monté le ton, il n’y a pas si longtemps, c’est en refusant de participer à l’opération américaine pour « assurer la sécurité » du transport maritime dans le détroit d’Ormuz. Washington voulait entraîner Berlin dans une confrontation active avec l’Iran, mais les Allemands ont refusé, comme ils ont refusé d’abandonner le Nord Stream 2.

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Si l’on se souvient de tous les « angles morts » des relations entre les États-Unis et l’Allemagne, le volume des contradictions s’approche d’un seuil critique. En effet, en 2013, grâce à l’ancien employé de la National Security Agency (NSA), Edward Snowden, il est devenu notoire que le téléphone d’Angela Merkel avait été mis sur écoute par les agences de renseignement américaines. Les Allemands ont par la suite étouffé cette affaire, afin de ne pas gâcher les relations, et aussi parce qu’ils n’auraient pas trouvé de preuve.

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“Je me suis disputé hier soir avec mon mari.” “Oui, je le sais.”

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L’énorme ambassade US à Berlin se trouve (quelle arrogance) à côté de la Porte de Brandebourg, symbole donc de l’Allemagne soumise

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Le centre d’espionage électronique de l’ambassade

 

Vue sur le Reichstag

L’ambassade côtoie le “Mémorial pour les Juifs [prétendument] assassinés” 

 

Carte du center-ville de Berlin (de gauche en haut à droite en bas): Siége du Chancellier; le Reichstag; Porte de Brandebourg; Ambassade US; Mémorial aux Juifs Assassinés

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Maintenant, l’attitude des États-Unis envers l’Allemagne est devenue transparente. Le vassal doit payer un « tribut » sous forme de déductions en échange d’une « protection » contre la Russie, abandonner Nord Stream 2 sous la menace de sanctions, perdre des avantages économiques, envoyer les soldats de la Bundeswehr à l’endroit du monde que le Président des États-Unis choisira, livrer son territoire pour qu’on y déploie des missiles anti-aériens, des bases militaires et des armes nucléaires. Enfin, les Allemands sont tenus de se conformer aux sanctions contre la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela et tout autre pays, puisque c’est tellement avantageux pour Washington.

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En conséquence, les Allemands ont-ils vraiment tort, qui à leur tour ignorent les demandes de Washington ? C’est pourquoi, avec la critique croissante de la politique allemande des États-Unis, c’est non seulement l’opposition à Berlin qui grandit, mais aussi l’échelle de son virage vers l’Est, ainsi que la possibilité de renforcer une politique européenne unie par son opposition à la voie de l’Atlantique Nord.

E. Coachman

Traduit par Stünzi, relu par San pour le Saker francophone

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